Durant notre séjour à la maternité, mon petit bonhomme ne pleurait pas. La nuit, très réveillé comme tous les bébés, il me regardait de ses grands yeux; je le promenais dans les couloirs de l'hôpital et il souriait aux anges. Les sage-femmes rigolaient de le voir si béat, en entendant les autres bébés hurler dans les chambres...
Il a perdu sa belle humeur uniquement lors du premier bain, et d'une prise de sang... Petit bébé cool et paisible, ces premiers jours étaient d'une sérénité à laquelle je ne m'attendais pas.
De retour à la maison, obligée d'être alitée, mon petit bonhomme, lové contre moi toute la journée, dégageait toujours la même tranquillité souriante... Et puis, petit à petit, il a commencé à pleurer. Normal, me disait-on, c'est un bébé. Normal, me disait-on, il a des coliques. Normal, me disait-on, il a pris l'habitude de dormir contre toi toute la journée, maintenant que tu peux te lever il est fâché, il est trop gâté (à 3-4 semaines, donc...). Normal, me disais-je, mon compagnon a repris le travail, j'ai moins de temps, je dois m'occuper de sa grande soeur, il sent ma fatigue.
Il pleurait de plus en plus. Malgré le portage en écharpe, de plus en plus fréquent. Malgré les câlins, les massages et les berceuses. Malgré l'allaitement à la demande (qui devenait quasi permanente). Malgré le fait de dormir dans notre chambre, puis près de nous, puis, bientôt, sur moi.
Les journées et les nuits étaient de pire en pire. Il se réveillait en hurlant, têtait, se rendormait, se réveillait à nouveau en hurlant. Il pleurait tout le temps. Je passais mes journées à tenter de l'apaiser, le berçait, lui chantait des chansons... Il ne me regardait plus jamais. On me disait "mais quand il sourit, on oublie tout n'est ce pas?". Mais il ne souriait plus non plus.
J'en arrivais à me dire que mon bébé me trouvait incompétente, que je n'étais pas capable de le comprendre, que j'étais inadéquate.
Mon entourage le trouvait "difficile", "perturbé"... Les disputes concernant ma façon de faire commençaient. "Laisse le pleurer", "il fait des caprices", "il faut qu'il comprenne qu'il ne peut pas être collé à toi toute la journée", "arrête d'allaiter"...
Comme il pleurait beaucoup, on ne se bousculait pas non plus au portillon pour le garder. Et j'avais tendance à ne le confier à d'autres bras que dans les rares moments où il allait bien, pour qu'il puisse créer du lien avec sa famille. Je gardais ses pleurs pour moi...
Heureusement, internet existe. J'y avais lu, quelques mois avant, ce témoignage d'une maman victime de burn-out maternel à cause d'un RGO de son enfant. De blogs en forum, de témoignages en articles scientifiques, il me semblait que ça pouvait être une piste, ce satané reflux ou RGO. J'ai trouvé des conseils précieux, qui semblaient déjà un peu le soulager.
Lors du rendez-vous chez la pédiatre, j'avais peur qu'elle ne trouve rien, que cela confirme mon sentiment d'incompétence en tant que maman. Mais ce que je soupçonnais s'est avéré exact et mon loulou a reçu un traitement.
Depuis, il va de mieux en mieux. Je retrouve mon bébé serein des premières semaines; il est joyeux, souriant et vif. Comme il ne passe plus ses journées à hurler, on le comprend mieux, on interprète bien mieux ses pleurs. Ses nuits, les nôtres, et l'ambiance familiale se sont nettement améliorées.
Et puis, le point positif de tout cela, c'est que j'ai pu ressortir les bavoirs foulards créés initialement lors des poussées dentaires d'Elise. Timothée et son RGO me remplissant la machine à laver à une vitesse effrayante, le bavoir foulard lui permet d'avoir à la fois un chouette petit look et des habits secs ne puant pas en permanence le lait caillé.
Heureusement que ce RGO soit "tombé" sur mon deuxième enfant. J'avais nettement plus confiance en mes compétences de maman que lors de l'arrivée de ma petite fille, et était donc plus résistante aux commentaires désobligeants, fatalistes ou jugeants. Ayant déjà eu un bébé avant, je sentais que les pleurs de celui-ci n'avaient rien de "normales", et malgré quelques moments de craquage ou je remettais en doute mes capacités à m'occuper de mon bébé, je savais au fond de moi que le problème était ailleurs.
Durant tous ces moments difficiles, l'humour des blogs de mamans débordées a été salvateur, et je vous encourage à aller en lire si vous êtes coincées chez vous avec un bébé (RGO ou pas d'ailleurs ;o) )
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